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mirent de commencer les études anatomiques auxquelles il dut dans la suite la perfection de son dessin.

Peu de semaines avant la révolution qui chassa de Florence la famille des Médicis, Michel-Ange, prévoyant les malheurs que devaient causer l’arrogance et le mauvais gouvernement de Pierre, et craignant de n’être pas lui-même en sûreté, se réfugia à Bologne et ensuite à Venise (19). Cette dernière ville ne lui offrant aucune espérance de travail, il revint à Bologne, où le hasard le servit à merveille. Messer Giovanni Bentivogli avait porté une loi qui défendait aux étrangers de pénétrer dans la ville sans un passe-port, sous peine d’une amende de cinquante bolognini. Michel-Ange eut l’imprudence de ne pas se conformer à l’édit, et fut condamné à l’amende. Ne pouvant acquitter cette somme, il se trouvait fort embarrassé, lorsque Messer Giovanfrancesco Aldovrandi, membre du conseil des Seize, après s’être fait rendre compte de cette affaire, le délivra et le retint chez lui pendant plus d’une année. Un jour, Aldovrandi le mena voir le tombeau de saint Dominique, sculpté par Giovan Pisano, et par Maestro Niccolo dall’ Arca, et lui demanda s’il se sentait le courage d’exécuter deux figures, haute d’une brasse, qui y manquaient, représentant, l’une, saint Pétrone, et l’autre, un Ange tenant en main un chandelier. Michel-Ange s’en chargea avec empressement, et reçut trente ducats pour ces deux statues, qu’il fit en marbre et que l’on peut regarder comme les