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Son talent ne tarda pas à lui susciter des jaloux et des ennemis. Torrigiano, furieux de se voir éclipser, lui fracassa le nez d’un si violent coup de poing, qu’il en porta la marque toute sa vie. Torrigiano fut exilé de Florence, comme nous l’avons déjà raconté (15).

Après la mort de Laurent de Médicis, Michel-Ange, accablé de douleur, retourna chez son père. Pour faire diversion à son chagrin, il acheta un grand bloc de marbre, et exécuta un Hercule, haut de quatre brasses, qui resta pendant plusieurs années dans le palais Strozzi, et fut depuis envoyé en France au roi François par Giovanbattista della Palla (16).

Cependant, Pierre de Médicis, fils et successeur de Laurent, envoyait souvent chercher Michel-Ange, dont il mettait à profit les lumières et le bon goût, pour des acquisitions de pierres gravées, de camées antiques et autres curiosités. On rapporte qu’un hiver où il tomba une grande quantité de neige à Florence, il imagina d’en faire faire une statue dans la cour de son palais, et il en chargea notre artiste, au mérite duquel il n’était pas insensible ; car Lodovico, s’apercevant de l’estime que ce seigneur et les grands portaient à son fils, lui donna des habits plus riches que de coutume (17).

Dans ce temps, Michel-Ange sculpta un crucifix en bois (18) pour l’église de Santo-Spirito, dont le prieur lui rendit plusieurs services. Ainsi, dans l’hôpital dépendant du couvent, il lui avait fourni un atelier et des cadavres à disséquer, qui lui per-