Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Mais la mort du pape ayant mis fin aux travaux de Piero, Baldassare entra dans l’atelier du père de Maturino, peintre médiocre, quoiqu’il fût toujours chargé de nombreuses commandes. Ce maître plaça devant Baldassare une toile blanche, et, sans lui donner de carton ni de dessin, lui dit de faire une Madone. Peruzzi prit un charbon, et dessina sa figure en un clin d’œil avec un grand aplomb, et peu de jours après il avait achevé de peindre son tableau avec une perfection qui excita l’admiration du maître de l’atelier, et de tous les artistes qui le virent. Aussi fut-il chargé de peindre à fresque, dans l’église de Sant'-Onofrio, la chapelle du maître-autel  (3) et deux autres petites chapelles à San-Rocco. Ces débuts commencèrent à lui faire une réputation, et lui procurèrent des travaux plus considérables à Ostia, où il exécuta en clair-obscur, dans le donjon du château, différents sujets, et entre autres une bataille dans le style antique. On y voit un escadron donnant l’assaut à une forteresse. Les soldats, couverts de leurs boucliers, appuient contre les murailles leurs échelles, que les assiégés s’efforcent de renverser. Les armures et les instruments de guerre sont fidèlement imités de l’antique. Ces peintures sont regardées comme les meilleures qu’il ait faites. Il est vrai que Cesare, de Milan, l’aida dans cette entreprise  (4).

Baldassare retourna ensuite à Rome, où il se lia étroitement avec Agostino Ghigi, Siennois, qui se plut à encourager le talent d’un compatriote. Peruzzi dut à Agostino les moyens de se livrer à