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un appartement dans son palais à Michel-Ange, et l’admit même à sa table, où se rassemblaient les plus nobles et les plus importants personnages. Notre jeune artiste avait quinze ou seize ans lorsqu’il entra chez Laurent ; il y était déjà depuis quatre ans, lorsqu’en 1492 arriva la mort de son protecteur (11). Il en recevait cinq ducats par mois, qu’il employait à secourir son père, à qui il procura en outre un emploi à la douane (12). Disons, en passant, que tous les élèves qui travaillaient dans les jardins de Laurent recevaient de ce magnifique citoyen un salaire proportionné à leur mérite.

À cette époque, d’après le conseil du Poliziano, écrivain d’un rare talent, Michel-Ange tira d’un bloc de marbre le Combat d’Hercule avec les Centaures  (13). Cet admirable bas-relief, qui semble dû à un maître consommé plutôt qu’à un jeune homme, est conservé aujourd’hui précieusement dans la maison de Lionardo Buonarroti, où l’on voyait, il y a plusieurs années, un autre bas-relief en marbre de la hauteur d’une brasse, représentant une Vierge, dans lequel Michel-Ange s’était proposé de contrefaire le style de Donatello. Cette imitation est parfaite, mais trahit quelquefois une manière plus gracieuse et un meilleur dessin. Lionardo en fit présent au duc Cosme de Médicis, qui ne possède que ce seul bas-relief de Michel-Ange (14).

Michel-Ange travailla avec une ardeur sans égale dans les jardins des Médicis, dont il avait les clefs, et étudia pendant plusieurs mois les peintures de Masaccio, qui se trouvent au couvent del Carmine.