Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout le temps qu’il pouvait dérober  (4). Il eut même à essuyer plus d’une fois, non seulement des reproches, mais encore des mauvais traitements de la part de son père et de ses parents, qui considéraient la peinture comme une chose vile et indigne de leur maison. Michel-Ange s’était lié avec un élève de Domenico Ghirlandajo, nommé Francesco Granacci, qui, reconnaissant chez son jeune ami de grandes dispositions pour le dessin, lui fournissait des modèles de son maître, peintre des plus renommés alors en Italie. Lodovico sentit enfin qu’il ne pourrait vaincre la vocation impérieuse de son fils, et, pour en tirer quelque profit, le plaça, d’après les conseils de ses amis, dans l’atelier de Domenico Ghirlandajo. Michel-Ange avait quatorze ans lorsqu’il y entra. J’ai publié ce livre pour la première fois en 1550 ; depuis, un biographe de Michel-Ange a écrit que des gens, qui sans doute ne connaissaient point ce grand artiste, avaient avancé, en parlant de lui, des faits controuvés et omis des choses qui méritaient d’être conservées. Je vais montrer que cet auteur s’est lui-même trompé lourdement. Ainsi, il accuse Domenico Ghirlandajo de jalousie, et de n’avoir jamais été d’aucun secours à Michel-Ange. On pourra se convaincre facilement de la fausseté de cette assertion en lisant le traité que nous allons citer, écrit par le père de Michel-Ange sur les registres de Domenico, que possèdent aujourd’hui les héritiers de ce dernier.

« 1488. Je rappelle, ce premier jour d’avril,