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les Scaligers, ravagée par les Visconti et le tyran Carrara, et enfin adoptée par Venise, Vérone assista, durant plus de vingt siècles, à toutes les phases de la barbarie et de la civilisation dont elle garde encore aujourd’hui les diverses et profondes empreintes. Les débris de ses arènes, de ses portes, de ses tombeaux, de ses arcs de triomphe, montrent combien elle s’était échauffée au foyer de la civilisation romaine. Les fragments des thermes et du Capitole dont Théodoric l’enrichit, et les vestiges des remparts dont il l’entoura, attestent l’importance que les Barbares eux-mêmes attachèrent à sa possession. La basilique de San-Zenone est peut-être un legs de Charlemagne et de Pepin. Le baptistère, construit par un architecte véronais nommé Bruilotto, est antérieur d’un siècle au baptistère de Dioti Salvi, et marque le passage des Saxons, vainqueurs de Béranger. Les tombes de Can Grande della Scala, de Martino II et de Can Signorio, le palais et le pont crénelés de Can Grande II, et les magnifiques églises de San-Formio, de Sant’-Eufemia et de Santa-Nastasia, évoquent à chaque pas la mémoire de la puissance des Scaligers. Si le château qui couronnait la rive gauche de l’Adige, et que l’on a détruit dans ces dernières années, n’est plus là pour caractériser la domination des Visconti et la tyrannie de Carrara, une foule d’élégants édifices couverts de capricieuses et admirables broderies sculptées s’élancent de tous côtés pour révéler les bienfaits de Venise. En présence de tous ces monuments, on est donc bien fondé à s’étonner de la glaciale indifférence avec