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reste plongé dans le plus profond et le plus injuste oubli.

Quant à Vittore Pisanello, dont la biographie se trouve jointe à celle de Gentile da Fabriano, nous n’avons besoin de rien ajouter aux exacts et complets renseignements que Vasari nous a fournis sur son compte. Nous nous bornerons à faire remarquer que si, de même que Gentile, il est peu connu de nos jours, il faut uniquement s’en prendre à l’obscurité qui, depuis plusieurs siècles, plane sur Vérone, sa patrie. Et, à ce propos, on nous permettra de nous livrer ici à une courte digression en faveur de cette noble cité qui a tant de droits à être étudiée. En effet, après Rome, Vérone est peut-être la ville d’Italie qui renferme le plus de monuments antiques, et qui rappelle les plus grands souvenirs. Fondée par les Celtes, vaincue deux siècles avant notre ère par les Romains, qui lui permirent de s’organiser en république, puis traitée en pays conquis par Marius et rendue à la liberté par César et Auguste, elle prit souvent une part active aux événements qui remuèrent le globe sous les empereurs. Marquée au front par la fatale épée d’Attila, Elle devint le centre de la puissance guerrière des Barbares, la forteresse privilégiée d’Odoacre et de Théodoric. Asservie par les empereurs grecs, donnée par l’eunuque Narsès à la dynastie des Lombards que Charlemagne remplaça par celle dont son fils Pepin fut le premier chef, arrachée par le Saxon Othon à Béranger II, livrée par Frédéric II à la férocité d’Ezzelino da Romano, le Néron moderne, exploitée, par