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lini[1], dont les fils jetèrent tant d’éclat sur l’école vénitienne. Par une fatalité déplorable, les ouvrages que Gentile da Fabriano exécuta à Venise ont péri, ainsi que tous ceux qu’il fit à Rome en concurrence avec le Pisanello, sous le pontificat de Martin V. Facio, qui avait vu ses compositions les plus importantes, le vante comme un peintre universel. Le même historien ajoute que Roger de Bruges, étant venu passer l’année sainte à Rome, proclama Gentile le premier peintre de toute l’Italie, en apercevant les cinq Prophètes dont il avait orné la basilique de San-Giovanni-Laterano. Mais si Rome et Venise n’ont pas su garantir de la destruction les œuvres de Gentile da Fabriano, Urbin, Pérouse, Gubbio et Città-di-Castello se sont montrées plus soigneuses des productions de son pinceau. Il n’y a pas jusqu’à une petite église appelée la Romita et située sur le territoire de Fabriano, où l’on ne conserve avec vénération un tableau de sa main, qui attira en cet endroit plusieurs peintres fameux et entre autres Raphaël. C’est donc seulement dans les villes voisines de la patrie de Gentile qu’il est permis d’apprécier la haute valeur de ce maître. Malheureusement, comme Città-di-Castello, Urbin et Gubbio ne se trouvent pas sur la route battue, personne ne songe à les visiter, et l’artiste qui exerça une puissante influence à Orvieto, à Venise, à Sienne, à Bari, à Pérouse, à Florence, à Brescia, à Rome, et dans la plupart des villes ombriennes,

  1. voyez la vie de Jacopo, Giovanni et Gentile Bellini, pag. 44 et suiv. de ce volume.