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duquel il profita probablement lorsqu’il travailla avec lui à la décoration de la sacristie de Santa-Maria-di-Loreto. Le dessin et le mouvement de ses figures rappellent le style de l’école romaine plutôt que celui de l’école de Venise. Quant à son coloris, nous n’osons en parler en présence des graves altérations que le temps lui a fait subir. En résumé, Domenico ne fut pas un homme dépourvu de talent, mais il n’ajouta rien aux acquisitions de l’art, et l’histoire l’aurait indubitablement passé sous silence si sa mort tragique n’eût assuré sa célébrité.

Des nombreux ouvrages d’Andrea dal Castagno, bien peu ont échappé à la destruction : son chef-d’œuvre, le Christ à la colonne du cloître de Santa-Croce, n’a pas été lui-même épargné. Cependant, si rares que soient les peintures d’Andrea qui sont parvenues jusqu’à nous, elles suffisent pour confirmer les éloges que Vasari accorde à leur auteur. Le côté faible d’Andrea est le coloris, mais son dessin se distingue par une rare correction mariée à irne vigueur et à une énergie qui ne se rencontrent guère que chez les maîtres les plus puissants du siècle d’or. Ses compositions riches et abondantes sont ordonnées avec une extrême habileté. Enfin, ses perspectives et ses raccourcis dénotent une science profonde qui ne peut être le fruit que de longues et sérieuses études. Tout en appelant sur Andrea dal Castagno l’exécration que mérite son lâche assassinat, nous nous croyons donc forcés de le ranger parmi les plus utiles promoteurs de l’art.