sans forme et de la couleur sans harmonie ; et quand il y réussit, ce qui est moins difficile qu’on ne croit, sa fortune est faite. Pourtant les grands maîtres eussent été inhabiles à ce métier. Andrea del Sarto, l’eût-il voulu absolument, ne serait pas parvenu à étourdir sa peinture comme Puligo ; cette fausse perfection n’eût pas été son fait ; à côté de son élève, ce n’était qu’un maladroit, un maladroit qui faisait des choses qu’à Florence tous les yeux exercés trouvaient sans erreurs, mais qui n’auraient pas pu, comme les portraits du Puligo, échapper aux reproches des yeux ignorants qui voient et ne discernent pas.
Domenico Puligo a eu une très-nombreuse école ; on peut même dire que la sienne a eu seule la prérogative de se conserver en Italie jusqu’à nos jours. Et, bien qu’elle ait été assez peu nombreuse dans ses commencements, elle s’est immensément accrue depuis, et, grâce à ses habiles élèves et aux amateurs éclairés de l’art, elle a été importée chez nous, où elle est actuellement en grande prospérité.
Cette école du Puligo, dont nous sommes appelés à voir tous les ans, à une époque fixée par nos lois, les travaux et les miracles, et dont, par conséquent, nous pouvons merveilleusement apercevoir le développement et suivre les progrès ; cette école, disons-nous, a su se garder des excès et des fausses données où sont tombés particulièrement le Vinci, si décoloré dans ses portraits de la Joconde et de la Féronnière ; Raphaël, si chantourné et si raide dans ceux de Jeanne d’Aragon et de Jules II ; le Titien, le