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et le champion de l’école florentine aurait dû nous épargner cet éloge de la peinture cotonneuse et fardée, la plus déplorable de toutes les peintures, si ce nom toutefois peut lui être conservé. Malgré les restrictions qu’il met à ses éloges complaisants, ce n’est pas moins une distraction honteuse et la plus grande imprudence, en fait de critique, que d’avoir applaudi aux essais de Puligo, renonçant à son art pour en faire une chose marchande. Si le Vasari avait pu prévoir quelle peste serait un jour pour toutes les écoles cette pitoyable apostasie de la peinture, contre laquelle tous les maîtres, tous les gens de goût et toutes les doctrines ont si vivement et si inutilement protesté, il ne nous aurait pas donné sans dégoût la lâche théorie de ces manœuvres sans conviction, qui cachent leur paresse ou leur insuffisance sous le masque de l’insolente facilité, et sous le faux éclat qui plaît au vulgaire ; mais le Vasari n’avait pas vu comme nous tant et tant de tableaux couverts par l’or des ignorants et des sots, tableaux qui n’ont d’autre mérite que de leur plaire, et qui ne leur plaisent que parce qu’ils sont aussi vides et aussi insignifiants qu’eux-mêmes ; surtout il n’a pas vu, comme nous, une des plus belles parties de la peinture (nous voulons parler des portraits) descendue à des résultats, et soumise à des exigences qui dégoûtent et lassent les artistes, ceux au moins qui aiment encore sincèrement leur art, et le respectent par conséquent. — Si la peinture a un beau privilège sur les autres arts, c’est assurément celui de pouvoir exprimer sur la toile d’une manière aussi