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son atelier, et sut si bien exciter leur émulation, qu’il en sortit nombre de maîtres fort habiles, les uns pour faire le portrait d’après nature, les autres pour peindre à fresque ou à la détrempe. Ridolfo leur donnait à exécuter des tableaux sur bois ou sur toile, et il en envoya une énorme quantité en Angleterre, en Allemagne et en Espagne, ce qui lui rapporta de très grands bénéfices. Baccio Gotti et Toto della Nunziata, ses élèves, se rendirent, l’un chez François Ier, roi de France, l’autre chez le roi d’Angleterre ; ces princes les appelèrent à leur cour après avoir vu leurs ouvrages. Deux autres élèves de Ridolfo, ne voulant pas renoncer aux douceurs de la patrie, où ils avaient plus de travaux qu’ils n’en pouvaient achever, résistèrent aux brillantes promesses et à l’or des marchands hongrois et espagnols, et demeurèrent plusieurs années avec leur maître ; l’un de ces élèves était Antonio del Cerajuolo, Florentin, qui, ayant étudié long-temps près de Lorenzo di Credi, avait appris de lui à peindre avec une grande facilité des portraits fort ressemblants, quoique du reste ils ne fussent pas très bien dessinés. J’en ai vu quelques-uns où j’ai trouvé, par exemple, le nez de travers, la bouche hors de ses lignes, ou autre semblable difformité ; et néanmoins ils m’ont paru pleins de naturel, car ce peintre savait parfaitement saisir le caractère de son modèle : beaucoup de grands maîtres, au contraire, font des portraits irréprochables sous le rapport de l’art, mais sans aucune ressemblance ; et cependant un artiste doit s’occuper, avant