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ira plus loin dans son palais Médicis : il emploiera les bossages avec plus de ménagements et de variété, il divisera ses fenêtres cintrées, comme au palais Pitti, par une élégante colonne qui leur donnera deux ouvertures, et il essaiera, au sommet de sa construction, de poser un entablement ; ce qu’il n’est pas du tout certain que Brunelleschi aurait voulu faire, si la mort ne l’eût point empêché, comme on l’a dit, d’achever le palais Pitti.

Après Michelozzo, de 1454 1509, vint le Cronaca, qui résuma dans son palais Strozzi les progrès et les études de Brunelleschi et de Michelozzo, et qui obtint un résultat que personne depuis lui n’a su accroître. Le problème dont la solution était cherchée à Florence depuis le treizième siècle, de savoir si ses architectes ne devaient pas abandonner leur mode de bossages, comme inconciliable avec la légèreté et la grâce des ornements, fut complètement résolu par lui. Le palais des Strozzi, éminemment florentin, surpasse peut-être, dans son élégante harmonie, les édifices les plus complets qu’on admire ailleurs. Le Cronaca a jeté au front de son bâtiment, comme une couronne, un entablement tellement précieux, qu’on ne peut lui en comparer aucun autre, quoique nous sachions bien que le grand Michel— Ange a été fort heureux dans celui qu’il posa à Rome sur le palais Farnèse. Le Cronaca dut ce beau succès à son amour pour l’art national, qui égalait chez lui la vénération pour les chefs-d’œuvre antiques, et qui, ne lui ôtant aucune ressource, le préserva cependant d’être un plagiaire, comme tant