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de science, les hommes de pouvoir et de richesse, se sont fraternellement donné la main, et aidés les uns les autres, pour honorer leur nation comme aucune autre ne l’avait jamais été. Chaque ville a eu son école, son école en tout art et en toute profession. Toutes les écoles ont marché dans les mêmes principes, vers le même but, et cependant chacune a eu la sagesse et la dignité nécessaires pour conserver ce qu’elle avait d’individuel, et le faire prévaloir. L’architecture toscane, pour s’embellir et s’orner par les mains de Brunelleschi, de Michelozzo, d’Alberti, du Cronaca, non-seulement ne renia pas les premières tentatives de Dioti Salvi et d’Arnolfo di Lapo, mais accepta encore l’héritage de la vieille Étrurie. Brunelleschi, dans son palais Pitti, posa dans toute sa rigidité la donnée florentine. On dirait qu’il n’a rien voulu voir dans son voyage à Rome, et ne rien emprunter à l’antiquité que ce qui peut encore augmenter le caractère de solidité qu’il cherche à consacrer à Florence. S’il s’y inspire de quelque chose, ce sera seulement de ces belles arcades en bossages de l’aqueduc de l’Aqua-Martia, à la ressemblance desquelles il donnera au palais Pitti les grandes ouvertures cintrées de ses trois étages, et ce ne sera qu’avec une sorte de regret qu’il remplira celles du rez-de-chaussée par ses beaux chambranles aux profils si purs et si nobles. Après lui, Michelozzo, s’appuyant sur l’effort prudent de Brunelleschi, et enhardi par le succès obtenu par son devancier dans la voie de l’ornement,