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véritable chef-d’œuvre qui fut un objet d’étonnement et d’admiration. On ne peut dire avec quel art il rendit tous ces personnages dessinés d’après nature pour la plupart, et pendus par les pieds dans les attitudes les plus étranges et les plus variées. Enfin, cette peinture obtint un tel succès auprès de tous les citoyens, et surtout auprès des connaisseurs, que dès lors Andrea ne fut plus appelé Andrea dal Castagno, mais bien Andrea degl’ Impiccati (Andrea des Pendus).

Andrea vécut toujours honorablement ; mais, comme il dépensait beaucoup pour son costume et l’entretien de sa maison, il laissa peu de chose lorsqu’il quitta ce monde, à l’âge de soixante et un ans. Presque aussitôt après sa mort, son infâme perfidie envers Doinenico, qui lui avait porté une si vive amitié, ayant été connue, on lui fit des obsèques ignominieuses, à Santa-Maria-Nuova (8), où sa victime avait été également ensevelie. Domenico périt à l’âge de cinquante-six ans. Il ne put donc terminer son travail commencé à Sauta-Maria-Nuova. Peu de temps avant sa mort, il avait conduit à bonne fin, pour l’autel de Santa-Lucia, un tableau représentant la Vierge et son Fils, saint Jean-Baptiste, saint Nicolas, saint François et sainte Lucie.

Andrea dal Castagno eut pour élèves Jacopo del Corso, qui fut assez bon peintre ; le Pisanello, le Marchino, Pietro del Pollaiuolo et Giovanni da Rovezzano.