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des Strozzi, c’est surtout le magnifique entablement dont il le couronna ; car bien que les arrangements de la cour intérieure décèlent le même goût et la même intelligence, et que les ordres de colonnes doriques et corinthiennes, les beaux portiques et tous les détails dont il l’orna soient sans reproches, il eut à lutter contre trop de sujétions fâcheuses, imposées tant par les premières idées de Benedetto da Maiano que par les exigences du terrain, pour pouvoir précisément élever la décoration de cette cour à la beauté de la façade pour laquelle il fut moins gêné. Cette façade, chose peut-être la plus sévère et la plus gracieuse à la fois qu’aucun architecte nous ait donnée en ce genre depuis la renaissance, peut difficilement s’apprécier et se décrire dans un livre ; le dessin lui-même n’y suffirait pas. Pour en comprendre tout le mérite et en voir en même temps la difficulté et le succès, il faudrait se représenter complètement la grandeur linéaire et morale de cette masse imposante ; il faudrait encore être frappé de l’aspect des matériaux, de leur dimension, de leur énergie, pour bien saisir la sagesse et l’art infini apporté par le Cronaca dans leur emploi, et pour bien se rendre compte de l’étude et de l’imagination qu’il a fallu pour établir les plus justes rapports de mesure et de forme dans les pleins, les vides, les profils et les ornements. Cependant nous essaierons d’expliquer un point, plus abordable de la réussite du Cronaca, parce que cela nous rendra compte de sa renommée, de son influence, et du réel service qu’il rendit l’architecture, surtout à