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demeure après sa mort égale à celle que lui donnaient la force et le pouvoir pendant sa vie.

Simone Cronaca fut vraiment un homme heureux dans son temps. Artiste habile, jamais les grandes et magnifiques entreprises ne lui manquèrent.

Pendant qu’Antonio Pollaiuolo travaillait à Rome, aux tombeaux de bronze qui ornent Saint-Pierre, il arriva chez lui un tout jeune homme de ses parents, nommé Simone, qui avait été forcé de s’enfuir de Florence à cause de quelques étourderies. Ce Simone montra beaucoup de goût pour l’architecture, et se mit à étudier et à mesurer avec la plus grande exactitude les monuments de l’antiquité. En peu de temps, il se distingua par ses progrès. Alors il quitta Rome pour retourner à Florence. Arrivé dans sa patrie, comme il était beau parleur, il se plaisait à raconter sans cesse les merveilles de Rome et des autres villes qu’il avait visitées, ce qui le fit surnommer le Cronaca (chroniqueur). Il fut bientôt regardé comme le meilleur architecte de Florence ; son jugement sûr et exercé, et ses idées larges et élevées, lui donnèrent une supériorité marquée sur tous ses rivaux. Ses ouvrages prouvaient qu’il savait profiter de ses études de l’antique, observer les règles de Vitruve, et suivre lcs exemples laissés par Filippo Brunelleschi.

À cette époque, vivait à Florence Filippo Strozzi l’ancien, ainsi appelé aujourd’hui pour le distinguer de son fils. Ce riche seigneur voulant laisser de soi, à sa patrie et à ses enfants, un souvenir durable dans la construction d’un magnifique palais, appela