Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’huile la Mort de la Vierge. Afin de montrer sa supériorité sur son rival, il fit dans ce tableau, avec un soin sans égal, un catafalque en raccourci, surmonté du cadavre de la Vierge, et qui semble avoir au moins trois brasses de longueur, bien qu’en réalité il n’en ait qu’une et demie tout au plus. À l’entour, sont les apôtres dont les traits expriment en même temps la joie de voir la mère de Dieu portée au ciel, et le regret de se séparer d’elle sur la terre. Parmi les apôtres se trouvent plusieurs anges armés de torches, et d’une exécution si parfaite, qu’il faut avouer qu’Andrea connaissait les secrets de la peinture à l’huile tout aussi bien que Domenico. Il introduisit dans cette composition les portraits de Messer Rinaldo degli Albizzi, de Puccio Pucci, du Falgavaccio, le libérateur de Cosme de Médicis, de Federigo Malevolti, et du directeur de l’hôpital, Messer Bernardo della Volta, qu’il représenta agenouillé. Enfin, il se peignit lui-même sous la figure de Judas Iscariote, tel qu’il était réellement.

Après avoir mené ce morceau à bon terme, Andrea, furieux des éloges qu’il entendait prodiguer à Domenico, ne songea plus qu’aux moyens de se débarrasser de son rival, et finit par accomplir ses affreux projets. Par une belle soirée d’été, Domenico prit son luth, selon son habitude, et sortit de Santa-Maria-Nuova, en laissant dans l’atelier Andrea qui refusa de l’accompagner, sous prétexte qu’il avait à s’occuper de quelques dessins fort importants. Dès que Dornenico fut parti, Andrea se déguisa et alla