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sur des vitres blanches, comme sur une toile, les chefs-d’œuvre de Raphaêl et de Michel-Ange. À quoi bon ? N’auraient-ils pas dû sentir que c’était trop intrépidement passer d’un art de pure décoration à un art d’expression ? Leur pratique n’offrait ni assez de diligence, ni assez de ressources et de sûreté pour en dénaturer ainsi le but. Comment l’enthousiasme inouï avec lequel on avait accueilli la découverte de la peinture à l’huile ne les avaient-ils pas éclairés, eux à qui leur moyen n’offrait même pas, à beaucoup près, toutes les ressources des différents encaustiques pour arriver à exprimer et à imiter la nature ? Mais dans ces siècles de rénovation, beaucoup de choses se dénaturaient ainsi, les unes pour progresser, les autres pour s’éteindre. C’est ce qui advint à la peinture sur verre. Malgré les magnifiques ouvrages de Jean de Bruges, de Maestro Claudio, du prieur Guglielmo, d’Albert Durer, de Jean Cousin, des Pinaigrier, d’Engrand Leprince, et de tant d’autres encore, la peinture sur verre ne put pas résister à toutes les causes de ruine qui se réunissaient contre elle. Elle perdit donc tout-à-fait son importance, et quelques productions partielles, d’un mérite vraiment éminent, ne purent la conserver. Les peintres verriers, si occupés en France, si riches de tant de priviléges qui leur avaient été conférés par nos rois, virent leur art, de jour en jour devenu plus exigeant, et d’un exercice de jour en jour plus difficile, payé enfin par un complet dédain et une poignante misère. Déjà Bernard de Palissy, cet ouvrier héroïque et si éprouvé, avait vu, les larmes