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Alexandre Lenoir, l’estimable fondateur du Musée des Petits-Augustins. Après Suger, sous Phi1ippe-Auguste, Maurice de Sully, ayant rebâti Notre-Dame, fit peindre sur les vitraux les portraits gigantesques des évêques du diocèse de Paris. Puis on arrive au règne de saint Louis, le beau temps de l’architecture ogivale et de la peinture sur verre. C’est alors qu’on vit, au retour des dernières croisades, l’art gothique, ayant atteint toute sa plénitude, marquer à la fois par tant de chefs-d’œuvre sa force et sa virginité : moment précieux et rapide de cette intelligence et de cette naïveté, que les arts acquièrent par une éducation si longue, et qu’ils perdent si vite ! Beauté pure, inimitable style, où l’abondance des détails ne déborde pas encore l’unité de la masse ; où l’exécution est si puissante et si patiente, si facile et si inspirée ; où la richesse enfin est sans prétention, et la force sans bizarrerie ! C’est le temps et le style de la Sainte-Chapelle, des derniers travaux des cathédrales de Strasbourg, de Chartres, d’Amiens, de Notre-Dame de Rouen et de Notre-Dame de Paris ; c’est le temps où toutes ces magnifiques églises, toutes ces somptueuses abbayes du Nord, depuis Saint-Germain-des-Prés jusqu’à Westminster, depuis la cathédrale d’Auch jusqu’à celles de Drontheim et d’Upsal, rayonnèrent ensemble de leurs admirables vitraux. La peinture sur verre et en émail, la sculpture et l’orfévrerie, s’étaient faites assez habiles pour s’harmoniser dignement avec la science architecturale, qui venait de s’élargir et de s’inspirer aux magiques aspects des édifications