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dignes enfants, elle consacra leurs rites et leurs symboles, et voulut souvent recruter dans leurs rangs obscurs ses saints et ses évêques. Cette association embrassait dans sa large étreinte tous ceux qui concouraient à l’érection, à l’achèvement, à l’ornement du temple ; unique et bienfaisante patrie dans ces temps mauvais, elle protégeait ainsi à elle seule presque toutes les branches du travail, depuis le savant qui, à l’ombre du cloître, présidait au plan, et le mettait en harmonie avec les nombres symboliques et la mathématique sacrée, jusqu’au maçon qui élevait les tours mystiques de Sainte-Barbe, jusqu’au vitrier qui plaçait aux fenêtres la rose mystique de sainte Catherine, jusqu’à l’orfèvre qui façonnait les vases sacrés, jusqu’au brodeur qui ornait les vêtements du prêtre. Cette troupe échappée ainsi à la glèbe, ces maçons que le travail et le pèlerinage affranchissaient, s’étaient en récompense promis de renouveler par le monde les splendeurs du temple de Salomon. Ils avaient déjà les regards tournés vers l’Orient, dont l’art septentrional pressentait les merveilles bien avant le mouvement des croisades, qu’un homme du peuple, qu’un homme du Nord devait soulever le premier. La peinture sur verre parut surtout au peuple la plus prodigieuse de toutes les inventions. La foule, qui se rendait aux églises pour les prières matinales, fut ravie jusqu’à l’enthousiasme de voir le pâle soleil de sa froide contrée lui envoyer à son lever la gerbe étincelante de tous ces reflets d’or, d’azur, de pourpre et de feu. Il faut lire à ce sujet les vieux