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mains ignorantes et dans des travaux grossiers, au milieu des catacombes et des sépulcres romains. Cet art nouveau, sorti d’un monde croulant, jeté comme un enfant faible et nu au milieu des ruines, se débattant contre une longue anarchie, disputant toutes ses traditions, tous ses éléments, tous ses produits à la guerre, à l’incendie, au saccage, marcha cependant avec une espérance égale à sa résignation, depuis Constantin jusqu’à Grégoire VII. Sa naïve confiance, on pourrait dire sa folle présomption, était sans bornes. La conviction de ses progrès futurs éclate dès ses premiers pas. On dirait, à voir l’art chrétien amalgamer et pétrir dans son insouciante intrépidité toutes les données et toutes les formes antérieures, toutes les conceptions scientifiques et architectoniques du passé, qu’il remercie la barbarie d’avoir tout brisé pour le jeter dans son creuset. D’où pouvait lui venir cette confiance, et qui lui avait fait ces immenses promesses ? Ce n’est point à nous à le rechercher et à répondre ici. Mais le fait est que, pour garantir les progrès de l’art chrétien et pour assurer sa marche, on voit dès son enfance se former les institutions les plus fortes. Le prêtre sanctifie le travail et les voyages, et la paix des abbayes abrite et féconde tous ces génies naïfs et profonds sortis du sein populaire. Alors surgit une vaste association, qui couvrit l’Europe et qu’on retrouve partout, laborieuse confrérie dont le signe était le marteau, ce vieux emblème du Nord : les francs-maçons se constituèrent. L’Église naissante leur applaudit comme à ses plus pieux et à ses puis