Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/786

Cette page n’a pas encore été corrigée

la peinture se transforme, ne sauraient constituer des arts à part, quand le but et les principes de l’art primordial y sont entièrement conservés. Ainsi, par exemple, la gravure, dont les genres sont si nombreux et les pratiques si multipliées, la peinture en camaïeu, à fresque, en détrempe, à sgrafitto, en mosaïque, en émail, sur verre, et tant d’autres, sont des modes d’agir différents d’un seul et même art ; ces rameaux d’une même tige sont tellement attachés entre eux, qu’on ne pourrait facilement leur trouver une existence propre, ni fixer à chacun sa filiation précise. Ce serait peut-être un problème insoluble que de chercher à savoir laquelle, de la peinture sur verre ou de la peinture en émail, a donné naissance à l’autre. Il y a, pour ces deux genres de peinture, parité presque complète dans les matières premières et le mode d’emploi ; bien plus, la peinture sur verre, dont nous traitons spécialement dans cette note, touche par plusieurs de ses pratiques essentielles à d’autres branches de la peinture, auxquelles elle a dû nécessairement les emprunter, si toutefois elle ne leur a pas prêté elle-même. C’est ce que nous ferons remarquer dans l’exposé succinct qui va suivre.

L’invention du verre remonte aux temps les plus anciens. On connaît à cet égard la fable imaginée, dit-on, par l’historien Josèphe, et répétée depuis lui jusqu’à nos jours, en passant par Pline et Bernard de Palissy. Les Phéniciens, les Égyptiens, les Grecs et les Romains employèrent le verre à de nombreux usages ; leurs histoires en font foi, les musées et les