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brillaient l’intelligence et l’art de Guglielmo ; c’est là surtout qu’il était sans égal ; car peindre à l’huile mi autrement sur le verre, c’est peu de chose ou rien ; lui conserver la transparence est peu difficile ; mais parfondre toutes les couleurs au feu, et les mettre ainsi à l’abri des ravages de l’air et de l’eau, c’est le grand mérite et le vrai talent ; et c’est en cela que ce grand maître fut particulièrement admirable, quoique d’ailleurs personne ne l’ait surpassé en dessin, en couleur et en composition.

Le prieur orna encore le grand œil-de-bœuf du baptistère de l’évêché. Ce vitrail représente le Baptême de Jésus-Christ par saint Jean. Le Christ est dans le Jourdain, et le saint tient une coupe pleine d’eau pour le baptiser. Un vieillard déjà nu se déchausse, et des anges préparent les vêtements du Christ. Dieu le Père, du haut du ciel, fait descendre l’Esprit-Saint sur son Fils.

Il exécuta encore dans le même lieu une fenêtre sur laquelle il peignit la Résurrection du Lazare enterré depuis quatre jours. II est difficile de comprendre comment, dans un si petit espace, le prieur a pu rassembler tant de figures qui expriment la stupeur et l’épouvante. On souffre de la douleur de tout ce peuple ; on sent pour ainsi dire la puanteur du corps de Lazare, et l’on partage l’allégresse que cause à ses sœurs sa résurrection. Cet ouvrage a nécessité une quantité inouïe de fontes et de recuites, tant il y a de couleurs placées les unes sur les autres. Les moindres détails y sont cependant remarquables par leur vivacité et leur vérité.