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ville fut à l’évêché. C’était un vitrail pour la chapelle des Albergotti, dédiée à sainte Lucie. Il y avait représenté cette sainte et saint Silvestre avec tant de vérité, qu’il semble que ces figures sont vivantes. Du moins ou peut dire sans exagération que c’est une admirable peinture. Sans nous arrêter à l’art avec lequel les chairs y sont traitées, nous dirons que le verre y est attaqué avec la plus grande hardiesse et le plus rare bonheur. Voici comment : chaque feuille de verre étant couverte d’un côté seulement d’une couche d’azur, de vert ou de rouge, il s’agit, en beaucoup d’endroits, d’enlever cette couche afin de la remplacer sur le verre redevenu blanc, par une teinte quelconque, suivant le besoin. Guglielmo écorchait franchement le verre. On peut s’exprimer ainsi; car, on le voit, c’était en quelque sorte lui enlever sa première peau. Tandis que les autres peintres, ayant moins d’habitude et moins de confiance à manipuler leurs vitres, n’ayant pas le courage d’employer une pointe de fer, et ne voulant pas risquer de tout casser et de tout perdre, se résignaient à les user avec de l’émeri, après avoir ébauché l’entaille avec une roue de cuivre armée d’un fer. A la suite de cette opération, qui a rendu au verre sa blancheur première dans les endroits voulus, si, par exemple, l’on veut peindre une partie eu jaune, il faut y promener avec un pinceau de l’argent calciné, juste au moment où la vitre va être mise el1e-même au feu. Ces parcelles d’argent entrent en fusion, pénètrent le verre, et donnent un jaune superbe. C’est dans ces réelles difficultés que