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qui fut cause que le cardinal Silvio lui proposa de faire pour lui quelques peintures sur verre et autres ouvrages, à Cortona, sa patrie. Ces offres ayant été acceptées par le frère, il l’emmena, et le fit commencer par la façade de sa maison du côté de la place. Guglielmo y peignit en grisaille Crotone et les premiers fondateurs de la ville.

Le cardinal, après avoir reconnu que notre artiste joignait à l’excellence du talent l’excellence du caractère, s’intéressa à lui et lui fit peindre la fenêtre de la grande chapelle de la paroisse de Cortona, où il représenta la Nativité du Christ et l’Adoration des Mages.

Le fait est que cet artiste possédait à fond l’entente, le génie et la pratique complète de son art. Il était tellement maître de sa couleur et comprenait si bien l’effet, que nul autre ne sut mieux que lui mettre chaque chose à son plan. Il y a une telle harmonie et une telle science dans ses vitraux, que les figures s’y détachent du fond des fabriques ou des paysages avec autant de force que dans les meilleures peintures à l’huile. Ses compositions sont riches et bien ordonnées. Son intelligence était surtout remarquable dans la manière dont il savait éviter les inconvénients qui résultent naturellement de la division en tant de morceaux de verres sur lesquels il peignait, genre de difficulté bien fait pour étonner et arrêter ceux qui n’auraient point eu une habileté semblable à la sienne. Cependant il s’en jouait en quelque sorte, disposant si bien son travail, que les enchâssures de plomb ou de fer venaient toujours