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sin, il laissait en arrière ses propres ouvrages pour le satisfaire. Il mettait une complaisance extrême à initier aux mystères de son art ses nombreux disciples, qu’il aimait comme ses enfants. Aussi, lorsqu’il sortait pour aller à la cour, il avait toujours un cortége de cinquante peintres, hommes bons et vaillants. Enfin, il vécut non en peintre mais en prince.

Ô peinture, art divin, tu pouvais te dire heureuse tant que vécut celui dont le talent et les grâces aimables t’élevèrent jusqu’au ciel ! Oui, tu pouvais te dire vraiment heureuse, ô peinture, car tes élèves puisaient chaque jour de grands exemples chez cet homme qui, par la puissance de son génie et ses qualités séduisantes, sut arriver à gagner l’amitié de Jules Il et de Léon X dont les libéralités lui permirent de se créer une existence aussi brillante que glorieuse. Heureux encore celui qui, guidé par ses leçons, put s’exercer sous ses yeux à la pratique de l’art ; car, selon moi, quiconque a suivi ses traces est arrivé à bon port. Enfin, ceux qui l’imiteront dans ses travaux seront honorés dans ce monde, et ceux qui l’imiteront dans sa conduite seront récompensés par le ciel (52).

Bembo composa en son honneur cette épitaphe :


D. O. M.
Raphaëli. Sanctio. Joan. F. Urbinati
Pictori. eminentiss. veterumq. æmulo
cujus. spiranteis. prope. imagineis
si. contemplere
Naturæ. atque. artis. fœdus.
facile. inspexeris.

Iulii. II. et. Leonis. X. pont. max.