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dinal de Bibbiena, qui, depuis plusieurs années, le tourmentait pour l’engager dans les liens du mariage. Raphaël, sans avoir jamais expressément repoussé les propositions du cardinal, avait gagné du temps en demandant trois ou quatre ans avant de se décider. Ce terme arrivé, au moment où il s’y attendait le moins, le cardinal lui rappela sa promesse ; se voyant lié, Raphaël, en galant homme, ne voulut pas manquer à sa parole et consentit à épouser la propre nièce du cardinal : mais l’éloignement qu’il éprouvait pour cette union lui en fit différer l’accomplissement, de telle sorte que plusieurs mois se passèrent sans que le mariage eût lieu ; et ce n’était pas sans un motif puissant que Raphaël en usait ainsi. Les immenses travaux qu’il avait exécutés pour Léon l’avaient rendu créancier de ce pontife pour des sommes considérables, et on lui avait donné à entendre qu’aussitôt qu’il aurait terminé les salles du Vatican, Sa Sainteté lui accorderait en récompense le chapeau de cardinal. En effet, Léon X projetait une promotion nombreuse de personnages parmi lesquels, certes, plusieurs avaient moins de mérite que Raphaël.

Pendant ce temps, il continuait de se livrer aux plaisirs de l’amour avec une ardeur immodérée, et une fois entre autres, ayant excessivement abusé de ses forces, il rentra chez lui avec une fièvre ardente dont il cacha la cause. Les médecins attribuèrent le mal à un grand échauffement et ordonnèrent imprudemment la saignée. Au lieu de réparer ses forces, Raphaël perdit ainsi le peu qui lui en restait. Il fit aussitôt son testament, et, par un sentiment tout