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cette vie, d’entrer dans tous les détails qu’on vient de lire, pour montrer à combien d’études et de travaux consciencieux Raphaël se livra, et surtout pour apprendre aux artistes à se mettre à l’abri des obstacles dont il triompha par son courage et sa persévérance. J’ajouterai encore que chacun devrait se contenter de faire les choses auxquelles il se sent naturellement porté, sans vouloir entreprendre des luttes d’où il ne pourrait sortir qu’avec honte et désavantage. Quand on a atteint le but marqué par la Providence, il ne faut pas s’épuiser en de folles tentatives pour surpasser ceux qui, par une grâce spéciale de Dieu, opèrent des prodiges dans leur art ; car alors tous les efforts sont vains pour arriver à la place dont s’empare facilement celui seul que la nature y destine. À l’appui de cette vérité, nous citerons pour exemple, parmi les anciens, Paolo Uccello qui, malgré toutes les peines imaginables qu’il se donna pour avancer, ne fit que rétrograder. De nos jours, Iacopo da Pontormo a suivi la même route sans plus de succès. L’expérience en offre mille autres preuves dont nous avons déjà parlé et dont nous parlerons encore par la suite. C’est que, sans doute, le ciel dans la distribution de ses faveurs veut que chacun sache se contenter de la part qui lui est échue.

Après nous être ainsi étendu sur ces questions, plus peut-être qu’il n’était nécessaire, passons à quelques faits particuliers de la vie et de la mort de Raphaël, dont il nous reste à entretenir nos lecteurs. Il s’était lié intimement avec Bernardo Divizio, car-