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et sera toujours infiniment admirée de tous les artistes : on en apprécie toute la perfection dans les sibylles et les prophètes qu’il peignit dans l’église della Pace, comme nous l’avons dit. Cet ouvrage montre encore combien la vue des peintures de Michel-Ange dans la Sixtine lui fut profitable. Si Raphaël eût su s’arrêter à cette manière et n’eût pas cherché à la varier et à l’agrandir, pour montrer qu’il entendait les nus aussi bien que Michel-Ange, il ne se serait pas privé d’une partie de sa renommée ; car le dessin des nus qu’il exécuta dans la salle de Torre Borgia où se trouve l’incendie de Borgo-Vecchio, quoique bon, n’est pas parfait en tout point. Les nus dont il décora la voûte du palais d’Agostino Ghigi ne satisfont pas davantage, parce qu’ils manquent de cette grâce et de cette harmonie qui lui étaient propres. Il est vrai que l’on doit aussi attribuer la plus grande partie de ces défauts à ses élèves qu’il faisait peindre d’après ses cartons, et il le reconnut en homme sensé, car il voulut travailler seul à son tableau de la Transfiguration où l’on trouve réunies toutes les qualités exigées pour une bonne peinture. S’il n’eût pas employé, par un caprice inexplicable, le noir de fumée des imprimeurs, dont la nature, comme nous l’avons déjà dit plusieurs fois, est de devenir tous les jours plus obscur et de dénaturer les autres couleurs avec lesquelles il est mêlé, je crois que cette peinture aurait encore sa première fraîcheur, tandis qu’aujourd’hui elle a beaucoup trop poussé au noir.

J’ai cru nécessaire, en approchant de la fin de