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les armures, les coiffures de femmes, les cheveux, les barbes, les vases, les arbres, les cavernes, les rochers, les feux, l’air troublé ou calme, les nuages, les pluies, la foudre, le temps serein, la nuit, les clairs de lune, les effets de soleil et beaucoup d’autres choses dont la connaissance est indispensable en peinture. D’après toutes ces considérations, Raphaël ne pouvant égaler Michel-Ange, en se plaçant sur le même terrain que lui, résolut d’explorer une voie nouvelle où il pût l’égaler et peut-être le surpasser. Loin d’imiter une manière dont la recherche lui aurait fait perdre inutilement son temps, il s’en créa une combinée de toutes les autres parties dont il a été question. Si plusieurs artistes de nos jours eussent suivi cet exemple au lieu de se traîner servilement sur les traces de Michel-Ange, sans pouvoir l’imiter, on ne les aurait pas vus s’épuiser en de vains efforts qui ne pouvaient les conduire qu’à une manière dure, pénible, sans charme, sans couleur, et pauvre d’invention, tandis qu’en embrassant toutes les parties de l’art, leurs études auraient porté des fruits utiles au monde et à eux-mêmes. Raphaël emprunta aussi à Fra Bartolommeo di San-Marco, chez qui il reconnut une touche savante, un dessin correct et une couleur agréable, quoiqu’il employât quelquefois trop de teintes obscures pour donner plus de relief à ses figures. Il suivit la marche du Frate dans le dessin et la couleur, en y introduisant toutefois des qualités qu’il avait puisées dans les ouvrages des meilleurs maîtres. Ainsi, de plusieurs manières, il s’en créa une qui lui devint entièrement personnelle et qui a été