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beau et de plus majestueux. Ce fut la dernière et la plus sublime de ses créations (50). Bientôt après, la mort vint le frapper.

Après avoir décrit les œuvres de ce grand homme, il nous semble convenable, avant de raconter les autres particularités de sa vie et de sa mort, de dire, dans l’intérêt des artistes, quelques mots sur les différentes manières qu’il adopta successivement. Élève du Perugino, il dut se conformer d’abord, dans ses premiers essais, au style de ce maître, qu’il améliora considérablement, soit dans le dessin, soit dans la couleur ou l’invention. C’était un progrès ; cependant plus tard il reconnut qu’il se trouvait encore loin du vrai. Aussi, frappé d’étonnement à la vue des peintures de Léonard de Vinci, dont toutes les figures sont si pleines de grâce et de mouvement, il se mit à l’étudier, de préférence à tous ceux dont il connaissait déjà les ouvrages. Peu à peu, et à grand’peine, il abandonna la manière du Perugino en imitant autant que possible celle du Vinci ; mais, malgré ses efforts et son application, il ne put jamais surpasser Léonard dans quelques difficultés. Si, comme on le pense généralement, Raphaël l’emporte en moelleux et en une certaine facilité naturelle, néanmoins est—il vrai qu’il ne lui fut point supérieur dans l’art de l’invention et de l’expression, où peu d’artistes se sont élevés à la hauteur du Vinci. Mais Raphaël est celui de tous qui s’en est le plus rapproché, particulièrement par la grâce du coloris. La manière que Raphaël devait à la direction que le Perugino lui avait imprimée, dans sa jeunesse, fut