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du Vatican où se trouvent les victoires de Constantin (47). Puis, Sa Sainteté désirant avoir de très riches tapisseries tissues d’or et de soie, Raphaël en dessina et coloria lui-même tous les cartons. On les envoya en Flandre, et les tapisseries furent transportées à Rome aussitôt leur achèvement. Rien n’est plus merveilleux, et l’on conçoit avec peine comment il a été possible d’arriver à rendre, avec de simples fils, tous les détails des cheveux et de la barbe, et toute la souplesse des chairs, et ces eaux, ces bâtiments, ces animaux que l’œil prend pour l’ouvrage d’un habile pinceau ; ce travail enfin semble l’effet d’un art surnaturel plutôt que de l’industrie humaine. Les tapisseries coûtèrent soixante-dix mille écus. On les conserve encore dans la chapelle du pape (48).

Raphaël peignit sur toile un saint Jean pour le cardinal Colonna. Ce seigneur aimait beaucoup ce tableau ; mais il le donna à son médecin, Messer Jacopo da Carpi, qui venait de le guérir d’une grave maladie. Ce saint Jean est maintenant à Florence, chez Messer Francesco Benintendi (49).

Raphaël fit ensuite, pour le cardinal Jules de Médicis, vice-chancelier, la Transfiguration du Christ. Il poussa à la dernière perfection ce tableau, auquel il travaillait sans relâche, et qui devait être envoyé en France. On aperçoit le Christ transfiguré sur le mont Thabor ; les onze apôtres attendent son retour au pied de la montagne. On leur amène un jeune possédé, afin que le Christ le délivre lorsqu’il sera descendu. Agité par des convulsions violentes, l’enfant se jette en arrière en poussant des cris et en