Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/717

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crevasses laissent échapper des flammes sulfureuses qui jettent sur les membres de Lucifer les teintes les plus variées. L’ange déchu manifeste toute la rage et la fureur de son orgueil envenimé contre celui qui le précipite dans un abîme de peines éternelles. Saint Michel, au contraire, revêtu d’une armure d’or et de fer, joint à son air céleste un caractère de force et de courage qui imprime la terreur. Déjà il a jeté son ennemi à la renverse à l’aide de son javelot. Ce chef-d’œuvre mérita à Raphaël, de la part du roi, une très honorable récompense (43).

II fit ensuite plusieurs portraits de femmes : nous citerons entre autres ceux de sa maîtresse et de Béatrice de Ferrare (44).

Raphaël aima passionnément les femmes et ne sut jamais modérer ce penchant. Ses amis lui montrèrent peut-être à cet égard une condescendance et une complaisance funestes. Il avait à peine commencé à peindre la loge du palais d’Agostino Ghigi, son intime ami, que déjà les charmes d’une maîtresse lui faisaient négliger ses travaux. Agostino, désespéré de ces retards, employa les prières et les exhortations et se servit de tous les expédients en son pouvoir, pour déterminer cette femme à demeurer avec Raphaël, dans le lieu même où il travaillait. Grâce à cet arrangement, l’ouvrage parvint à sa fin. Raphaël en fit tous les cartons et exécuta lui-même plusieurs figures à fresque. Il représenta sur le plafond le Conseil des dieux : l’on voit dans cette composition qu’il s’est habilement inspiré de l’antique. Il peignit aussi les Noces de Psyché. Jupiter est servi par