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Énée portant Anchise, un jeune homme plein de courage enlève sur ses épaules un vieillard infirme : il est prêt à succomber sous le poids de ce corps privé de force, et semble tenter un dernier effort ; une vieille femme pieds nus et à moitié vêtue le suit, et prend la fuite avec un jeune enfant entièrement nu ; du haut d’un mur, une mère va jeter son enfant emmailloté dans les bras du père qui se hausse sur la pointe des pieds pour le recevoir ; le désir de sauver son fils, et la souffrance causée par la chaleur que produisent les flammes, se peignent énergiquement dans les traits de cette femme ; sur le visage du père, on voit la lutte du dévouement pour l’enfant avec la crainte de la mort. On ne saurait assez louer l’idée ingénieuse qu’a eue Raphaël de représenter une femme, qui, les pieds nus, à peine vêtue, sans ceinture, les cheveux flottants, et tenant une partie de ses habillements à la main, fait marcher ses fils devant elle en les frappant, pour les forcer à courir loin des flammes et des ruines croulantes ; enfin, quelques femmes agenouillées se tournent vers le saint pontife, et le supplient de mettre fin au fléau (35).

La victoire navale remportée dans le port d’Ostie par les Chrétiens sur les Sarrasins, sous le pontificat de saint Léon, forme le sujet de la seconde peinture de la même salle de Torre Borgia. Des soldats, à l’air martial, font sortir d’une barque des prisonniers vêtus en galériens, et les conduisent par la barbe devant saint Léon, peint sous les traits de Léon X ; d’autres groupes d’infidèles, expriment par