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Palerme, et les moines s’empressèrent de réclamer leur tableau ; mais il fallut l’intervention du pape pour le faire rendre au couvent, qui récompensa largement ceux qui l’avaient sauvé. Rembarqué de nouveau et conduit en Sicile, il fut placé à Palerme, où il est plus renommé que le mont de Vulcain (34)[1]. Tout en s’occupant de ces ouvrages qu’il ne pouvait refuser sans compromettre ses intérêts, parce qu’ils lui étaient commandés par de puissants personnages, Raphaël ne laissa pas cependant de poursuivre ses travaux dans les salles du Vatican ; mais il employait des auxiliaires qui peignaient d’après ses dessins, et il retouchait ensuite ce qu’ils avaient fait : avec ces aides, il s’efforçait d’arriver à l’achèvement de son énorme tâche. Il ne tarda pas à livrer au public la troisième salle qu’on appelle de Torre Borgia, qu’il avait également ornée de quatre grandes peintures : l’une représente l’incendie de Borgo-Vecchio, arrêté par les bénédictions du pape saint Léon IV, qui paraît à la loge pontificale du Vatican. Ce tableau retrace diverses scènes de terreur et de désolation ; d’un côté, des femmes apportent de l’eau dans des vases qu’elles tiennent dans leurs mains ou sur leurs têtes, un vent furieux souffle dans leurs vêtements et leurs chevelures en désordre ; d’autres personnages, qui cherchent à jeter de l’eau sur les flammes, sont aveuglés par la fumée qui les environne et les empêche de se reconnaître eux-mêmes ; de l’autre côté, tel que Virgile décrit

  1. Monte di Vulcano, c’est-à-dire le mont Etna.