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de blanc, il avait obtenu ses lumières au moyen de la transparence de la toile, et avait exécuté ses parties ombrées avec des couleurs à l’aquarelle. Raphaël, émerveillé de cette peinture, lui envoya en retour plusieurs dessins de sa propre main. Le portrait d’Albert Durer échut plus tard en partage à Jules Romain, héritier de Raphaël (33).

Lorsque Raphaël connut les gravures d’Albert Durer, il encouragea dans la pratique de cet art Marc-Antoine de Bologne, dont les progrès furent si rapides, que bientôt il lui confia le soin de reproduire ses compositions, telles que celles du Massacre des Innocents, de la Cène, du Neptune et de la sainte Cécile. Marc-Antoine grava beaucoup d’autres planches pour Raphaël, qui les donna à Baviera, son domestique, qu’il avait placé auprès de sa maîtresse chérie. Il fit de cette femme un portrait vivant que conserve précieusement, à Florence, Matteo Botti, négociant, et ami de tous les hommes de mérite, et surtout des peintres. Son père, Simone Botti, n’a pas moins de bienveillance pour les artistes : aussi le regardons-nous tous comme un des amateurs les plus utiles à notre art ; et moi, sans parler de son goût éclairé, je le proclame le meilleur et le plus dévoué des amis. Mais revenons aux gravures : la générosité de Raphaël envers Baviera créa bientôt des imitateurs de Marc-Antoine. Marc de Ravenne et beaucoup d’autres encore se piquèrent d’émulation, si bien que les gravures, si rares jusqu’alors, devinrent aussi nombreuses que nous les voyons à présent. Ugo de Carpi, dont l’ima-