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et qui représente un Christ en manière de Jupiter, dans le ciel, environné des quatre évangélistes sous la forme d’un homme, d’un lion, d’un aigle et d’un taureau, tels que les décrit Ezéchiel ; le paysage est d’une beauté rare (26). Il envoya à Vérone, aux comtes de Canossa, un grand tableau qui ne le cédait en rien à celui-ci ; c’est une Nativité du Christ dont on peut faire l’éloge complet, en disant qu’elle est sortie de la main de Raphaël. On admire beaucoup la figure de sainte Anne, et un effet de l’aurore merveilleusement rendu (27). Les comtes de Canossa attachent le plus grand prix à cette peinture qu’ils ont refusée à plusieurs princes qui leur en offraient des sommes énormes. Il fit à Bindo Altoviti, lorsqu’il était jeune, son portrait qui passe pour un chef-d’œuvre  (28), et un tableau que l’on voit aujourd’hui, dans le palais du duc Cosme, sur l’autel de la chapelle des salles neuves que j’ai construites et peintes moi-même. Sainte Anne, assise, présente à Marie l’enfant Jésus, dont les traits pleins de charmes font naître la joie dans l’âme du spectateur ; la mère de Dieu brille de toute la beauté que l’on peut imprimer à la physionomie d’une vierge : ses yeux expriment la modestie, son front la pureté de l’âme, sa bouche la grâce et la candeur, ses vêtements sont simples et pudiques ; enfin, je crois qu’il serait impossible de faire mieux. Une sainte, et un saint Jean nu et assis, ne sont pas moins remarquables ; dans le fond, une fenêtre avec un rideau éclaire la chambre où se passe la scène (29).

À Rome, Raphaël renferma dans le même cadre