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Elena dall’Olio. Raphaël déploya tout son art dans cet ouvrage. Sainte Cécile écoute, dans un ravissement profond, l’harmonie céleste d’un chœur d’anges. Ses traits ont un caractère indéfinissable. Les instruments de musique épars çà et là, et tous les vêtements de la sainte, sont traités avec une vérité inouïe. Saint Paul, grave et méditatif, a le bras droit posé sur son épée, et la tête soutenue par sa main. Il a les pieds nus, et est vêtu d’un manteau rouge sous lequel on aperçoit une tunique verte. On ne saurait trouver une pose et une expression plus vraies que celles de sainte Marie-Madeleine, qui tient à la main un vase de pierre fine ; elle tourne la tête, et semble toute joyeuse de sa conversion. Les têtes de saint Augustin et de saint Jean l’évangéliste sont aussi fort belles. Si le nom de peinture s’applique aux ouvrages des autres artistes, ce nom ne convient plus aux productions de Raphaël ; il faut en trouver un autre pour ces figures douées de vie où l’on voit frémir les chairs, battre les poitrines, vibrer les artères comme dans la nature même. Ce tableau de la sainte Cécile accrut encore la réputation de son auteur, qui était déjà immense (25). On composa en son honneur une foule de vers en latin et en langue vulgaire ; mais, pour ne pas m’écarter du cadre que je me suis tracé, je ne citerai que ceux-ci :

Pingant sola alii referantque coloribus ora ;
Cœciliæ os Raphaël atque animum explicuit.

Raphaël fit ensuite un petit tableau qui est maintenant chez le comte Vincenzio Ercolani, à Bologne,