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vert d’écailles comme un poisson. Cette figure est tirée de la colonne Trajane, où se trouvent des soldats revêtus de semblables armures que l’on suppose faites de peaux de crocodile. Dans le fond du tableau, le mont Mario est en feu et rappelle l’habitude qu’ont les armées de livrer leurs cantonnements aux flammes lorsqu’elles les abandonnent. Raphaël peignit d’après nature les massiers à cheval qui accompagnent le pape, les cardinaux, les courtisans et les estaffiers qui tiennent la haquenée de Léon. Tous ces portraits sont vivants (23). À cette époque, il fit pour Naples un tableau placé à San-Domenico, dans la chapelle qui renferme le crucifix qui parla à saint Thomas d’Aquin ; il y représenta la Vierge, saint Jérôme en habit de cardinal, et l’Ange Raphaël qui accompagne Tobie. Pour Leonello da Carpi, seigneur de Meldola, maintenant âgé de plus de quatre-vingt-dix ans, il en peignit un autre si remarquable par le coloris, la grâce, la beauté et la vigueur, que je crois impossible de mieux faire : rien n’est plus parfait que le visage divin et l’attitude modeste de la Vierge. Sur ses genoux est assis son fils, qui caresse un petit saint Jean en adoration devant lui avec sainte Élisabeth et saint Joseph. Ce tableau était autrefois chez le cardinal di Carpi, fils du seigneur Leonello, et doit appartenir aujourd’hui à ses héritiers (24). Ensuite Lorenzo Pucci, cardinal de Santi-Quattro, ayant été créé grand-pénitencier, commanda à Raphaël un tableau pour la chapelle de San-Giovanni-in-Monte, dans laquelle est déposé le corps de la bienheureuse