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Ces sujets, qui représentent Dieu apparaissant à Abraham et lui promettant la multiplication de sa race, le Sacrifice d’Isaac, l’Échelle de Jacob, et le Buisson ardent de Moïse, se distinguent par la science, l’invention, le dessin et la grâce, au même degré que les autres ouvrages de ce grand artiste. Pendant qu’il créait avec bonheur tant de merveilles, le sort jaloux trancha les jours de Jules II, qui avait si libéralement encouragé son génie. Mais son successeur Léon X, chez qui l’amour des beaux arts était héréditaire, voulut que l’on continuât les travaux commencés par son prédécesseur, et accorda toute sa faveur à Raphaël. Le peintre d’Urbin représenta alors dans la même salle la Marche d’Attila sur Rome, et sa rencontre au pied du mont Mario avec le pape saint Léon, qui, par ses seules exhortations, force son redoutable ennemi à rebrousser chemin. Saint Pierre et saint Paul, l’épée à la main, planent dans l’air, et accourent à la défense de l’Église. L’histoire de Léon III ne rapporte pas ce fait, que cependant Raphaël introduisit dans sa composition comme une fiction permise aux poètes et aux peintres. Les apôtres brillent de cette fierté céleste que Dieu imprime à la face des défenseurs de sa sainte religion. Attila en ressent l’effet miraculeux : il lève la tête avec un mouvement de terreur indicible, et se retourne pour prendre la fuite. Le chef barbare est monté sur un magnifique cheval noir balzan, marqué d’une étoile au front. À côté l’on voit d’autres très beaux chevaux ; on admire surtout un genet tacheté conduit par un guerrier tout cou-