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le châtiment miraculeux de leur chef, dont la cause leur est inconnue, car Héliodore peut seul voir les trois ministres de la vengeance céleste, les frappe d’épouvante et de terreur. Ils veulent fuir, mais ils trébuchent et tombent avec leurs charges. Dans le fond on aperçoit le grand-prêtre Onias, revêtu de ses habits pontificaux. Les mains jointes et les yeux tournés vers le ciel, ce saint homme implore la vengeance divine en faveur des infortunés que l’on dépouille. En voyant ses prières exaucées, il sent renaître sa joie. Raphaël, par un caprice heureux, a placé sur les soubassements plusieurs figures qui se tiennent aux colonnes pour contempler cette scène. La foule, avec une curiosité mêlée d’étonnement et de crainte, attend le résultat de l’événement. Cet ouvrage et les cartons dont se servit Raphaël sont particulièrement beaux, et inspirent une admiration méritée (22). Messer Francesco Massini, gentilhomme de Césène, qui, après avoir appris la peinture sans le secours d’aucun maître, fit des tableaux très estimés des connaisseurs, possède plusieurs fragments de ces cartons, et y attache avec raison le plus grand prix. J’ajouterai que Messer Niccolò Massini, qui m’a donné ces renseignements, est un homme de mérite et un véritable amateur de notre art.

Mais retournons à Raphaël. Il orna la voûte de cette salle de quatre sujets dont chacun couronne une des trois grandes peintures que nous venons de décrire, et le tableau d’Attila dont nous parlerons tout à l’heure.