des gardiens qui entendent le bruit de la porte de fer ; l’un d’eux, à la lueur d’une torche, éveille ses compagnons. Les rayons de cette torche se reflètent sur toutes les armes, et dans les endroits où ils ne frappent pas, ils sont remplacés par la lumière de la lune. Cet ouvrage, se trouvant placé au-dessus de la fenêtre, paraît d’autant plus sombre que le jour donne dans le visage du spectateur et lutte si bien avec les autres effets de lumière du tableau, que la fumée de la torche, la lueur éclatante de l’ange, et les ténèbres de la nuit semblent dues à la nature et non au pinceau qui a su vaincre toutes les difficultés dont cette composition est hérissée. Les vapeurs que produit la chaleur des flambeaux, les ombres et les reflets sont répétés par toutes les armes. Raphaël se montre encore ici le maître des autres peintres, car pour ce qui concerne l’imitation de la nuit, aucun ne produisit jamais une peinture plus vraie et plus précieuse que celle-ci (21).
Dans la même salle, il représenta le pape Jules II chassant l’Avarice du temple. Ce tableau ne le cède en rien à l’effet de nuit dont nous venons de parler. Quelques estaffiers, peints d’après nature, portent sur un siége le pape Jules, dont l’image est vivante Tandis que des gens du peuple et des femmes ouvrent leurs rangs pour livrer passage au souverain pontife, un cavalier et deux jeunes hommes s’élancent et terrassent l’orgueilleux Héliodore qui, envoyé par Antiochus, veut enlever du temple les dépôts appartenant aux veuves et aux orphelins. Déjà ses satellites emportent des coffres et des trésors ; mais