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tableau, une femme assise à terre tient un enfant à son cou et se détourne avec une grâce et une vivacité merveilleuses pour écouter ce que lui dit une de ses compagnes. De l’autre côté du tableau, se trouve le pape Jules qui assiste à la messe avec le cardinal de San-Giorgio et beaucoup d’autres personnes. Dans la partie interrompue par la fenêtre, Raphaël a placé une montée à deux rampes que le sujet laisse apercevoir en entier, et il paraît même que si le vide de cette fenêtre n’existait pas, il s’ensuivrait un mauvais effet. On peut donc bien dire avec raison que, dans telles compositions que ce soit, jamais personne ne s’est montré plus savant et plus intelligent que lui (20). Vis-à-vis ce sujet, il peignit saint Pierre gardé par des soldats dans sa prison, par l’ordre d’Hérode. L’architecture du cachot a tant de grandeur et de simplicité en même temps, qu’en vérité les autres artistes ne mettent que de la confusion dans leurs ouvrages auprès de Raphaël qui a toujours cherché à réunir la grâce à la perfection et à représenter les sujets tels que l’histoire nous les décrit. On voit le saint vieillard chargé de chaînes, et les gardes plongés dans le plus profond sommeil, tandis que s’avance l’ange libérateur dont la splendeur illumine tous les plus petits détails, et fait briller si vivement les armes des soldats, qu’on les croirait plutôt polies que peintes. Il n’y a pas moins d’art et de génie dans l’attitude de l’apôtre, lorsque, délivré de ses chaînes, et précédé par l’ange hors de la prison, il annonce dans ses traits croire à un songe plutôt qu’à une réalité. On remarque encore la terreur et l’épouvante