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aussitôt le prophète Isaïe, qu’il avait déjà terminé dans l’église de Sant’-Agostino au-dessus de la sainte Anne d’Andrea Sansovino. Il prouva dans cette peinture combien la vue de l’œuvre de Michel-Ange avait agrandi et amélioré son style. Michel-Ange à son retour pensa, en voyant l’ouvrage de son rival, que Bramante avait agi ainsi pour le plus grand profit et la plus grande célébrité de Raphaël, et cela était vrai (18).

Peu de temps après, Agostino Ghigi, riche marchand de Sienne, ami de tous les hommes de mérite, confia la décoration d’une chapelle à Raphaël qui lui avait déjà orné une galerie de son palais connu aujourd’hui sous le nom de Ghigi-in-Trastevere, en y figurant Galathée sur un char tiré par deux dauphins, et entouré de tritons et d’une foule de dieux marins. Cette chapelle se trouve à l’entrée de l’église de Santa-Maria-della-Pace, à main droite en entrant par la porte principale. Raphaël la peignit à fresque d’après ses cartons, dans une nouvelle manière, plus large et plus élevée que sa première. Il fit entrer dans cette composition, avant que la chapelle de Michel-Ange, qu’il avait cependant vue, ne fût livrée au public, des prophètes et des sibylles ; figures les plus belles qu’il ait jamais créées. On remarque, surtout dans les femmes et les enfants, un naturel parfait, joint à une couleur admirable. Il fit ensuite, à la prière d’un camérier du pape Jules II, le tableau du maître-autel d’Aracelli. Ou voit la Vierge portée sur des nuages, saint Jean, saint François, et saint Jérôme qu’il a peint sous la figure d’un car-