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huit ans, l’an 1537. J’ai voulu faire mention de cet artiste vraiment supérieur sans lequel nous serions privés, comme nous le dirons plus tard, de quantité de morceaux précieux créés par les hommes qui lui ont succédé dans le genre dont il fut l’inventeur (16).

Pour en revenir à Raphaël, son mérite s’était tellement manifesté dans ces travaux, que le pape lui ordonna de peindre la seconde salle du Vatican, et lui commanda son portrait. Raphaël le rendit avec tant de vérité, qu’il faisait trembler comme s’il était vivant (17). On le voit aujourd’hui à Santa-Maria-del-Popolo ainsi qu’un tableau de la Nativité, fait à la même époque. La Vierge couvre d’un voile l’enfant Jésus dont la beauté ne peut appartenir qu’au fils de Dieu. La figure de la Vierge n’est pas moins parfaite. Saint Joseph, appuyé sur son bâton, contemple tout pensif le roi et la reine du ciel ; on ne montre ces deux peintures que les jours de fêtes solennelles. La renommée de Raphaël était grande alors ; mais, quoique l’on admirât sa manière et qu’il eût vu et étudié sans cesse les antiques de Rome, il n’avait cependant point encore donné à ses figures cette sublimité et cette noblesse qu’il leur imprima depuis. Il arriva dans ce temps que Michel-Ange se trouva forcé de fuir à Florence après la frayeur qu’il causa au pape dans la chapelle, comme nous le raconterons dans l’histoire de sa vie. Alors Bramante, qui avait les clefs de cette chapelle, y introduisit son ami Raphaël, afin qu’il pût saisir la manière de Michel-Ange. Il s’ensuivit que Raphaël recommença