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Dieu le Père envoie l’Esprit-Saint sur une foule de bienheureux qui adoptent le sacrifice de la messe et disputent au sujet de l’eucharistie placée sur l’autel. Parmi ces derniers on remarque saint Dominique, saint François, saint Thomas d’Aquin, saint Bonaventure, Scot, Niccolò di Lira, Dante, Fra Girolamo Savonarola et beaucoup d’autres théologiens chrétiens, contemporains de Raphaël, peints d’après nature. Quatre enfants d’une grâce inimitable tiennent ouverts les livres des Évangiles, qu’expliquent, à l’aide des saintes écritures, les quatre docteurs de l’Église, éclairés par l’Esprit-Saint. Les saints, rangés circulairement dans la partie supérieure du tableau, se distinguent par une si belle entente de la couleur, des raccourcis et des ajustements, que l’on croit admirer la nature elle-même. Les têtes ont une expression surhumaine ; celle du Christ surtout rayonne de la sérénité et de la clémence d’un Dieu. La Vierge, les mains posées sur son sein, contemple son fils dans l’extase d’un pur et ineffable amour. Raphaël reçut de la nature la faculté de donner à chacune de ses créations une noblesse, une douceur et un charme qui n’appartiennent qu’à lui. Il a su imprimer aux saints patriarches le caractère solennel de l’antiquité, aux apôtres celui de la simplicité, aux martyrs celui de la foi ; mais son savoir et son génie brillent encore davantage dans les saints docteurs chrétiens groupés de différentes manières. Ils cherchent la vérité ; le doute, l’inquiétude, la curiosité animent leurs gestes, rendent leurs oreilles attentives, et froncent leurs sourcils. On ne pourrait assez