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avons déjà parlé de l’Accord de la Théologie avec l’Astrologie et la Philosophie. Nous passerons au tableau du Parnasse, qui orne la façade qui est du côté du Belvédère. La montagne poétique est entourée d’une sombre forêt de lauriers dont le vert feuillage semble doucement agité par le zéphyr. Un essaim de petits Amours vole dans les airs, cueille des branches de laurier, et en forme des guirlandes qu’il jette çà et là sur le mont sacré.

Cette composition offre tant de belles et nobles images, que l’on ne peut comprendre comment il a été possible à un homme de donner une nouvelle vie à tous ces personnages si habilement groupés par son intelligent caprice. Les uns assis, les autres debout, chantent, écrivent ou discourent entre eux. Et Raphaël a conservé à ces poètes de la Grèce, de Rome et de l’Italie moderne, leurs véritables traits. Il peignit d’après nature ses contemporains, et se servit des médailles et des statues pour ranimer les illustres hommes de l’antiquité. En compagnie des Muses et autour d’Apollon, on voit Ovide, Virgile, Ennius, Tibulle, Catulle, Properce, Homère, la docte Sapho et le divin Dante, le gentil Pétrarque, l’amoureux Boccace, Tibaldeo et une foule d’autres poètes de notre âge. Nous n’avons pas besoin de répéter avec quel charme infini et quelle perfection ce sujet est traité (13).

Sur une autre muraille, Raphaël représenta la Dispute du Saint-Sacrement. Saint Jean-Baptiste, les apôtres, les évangélistes et les martyrs, sur des nuages, sont aux côtés de la Vierge et du Christ.