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nous pouvons dire que Raphaël prouva, par cet essai, qu’il voulait occuper le premier rang parmi ses rivaux (12).

Ce chef-d’œuvre excita tellement l’admiration du pape, qu’il fit détruire les ouvrages exécutés dans ces salles par les autres peintres, afin que Raphaël eût seul la gloire de remplacer tout ce qui avait été fait jusqu’alors. Le pape avait également ordonné de jeter à terre les peintures de Gio. Antonio Sodoma de Vercelli, placées au-dessus de celles de Raphaël ; mais celui-ci s’y opposa et voulut au moins en conserver la distribution et les ornements. Chacune des quatre grandes compositions qui devaient orner cette salle était surmontée d’un cadre circulaire dans lequel Raphaël peignit une figure allégorique qui devenait pour ainsi dire l’argument du sujet placé au-dessous.

La figure qui domine le tableau que nous avons décrit tout-à-l’heure représente la Philosophie. À ses côtés on voit deux petits enfants d’une rare beauté. Chaque montant de son siége est formé par une déesse Cybèle ayant autant de mamelles que les anciens en donnaient à Diane Polymathe. Ses vêtements sont de quatre couleurs, symboles des quatre éléments : de la tête à la ceinture le peintre a figuré la couleur du feu ; sous la ceinture celle de l’air ; plus bas celle de la terre, et des genoux aux pieds celle de l’eau.

Au-dessus du Parnasse, du côté de la fenêtre qui donne sur le Belvédère, Raphaël a représenté la Poésie couronnée de lauriers, sous la figure de Po-