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Ce grand artiste étudia à Florence les anciennes peintures de Masaccio  (9). Mais les travaux de Léonard de Vinci et de Michel-Ange l’appelèrent à de nouveaux efforts, et son talent s’en accrut d’une manière extraordinaire. Il se lia bientôt d’une étroite amitié avec Fra Bartolommeo di San-Marco, dont il cherchait à imiter le coloris, tandis qu’en revanche il enseignait les règles de la perspective à ce bon père, qui jusqu’alors avait négligé cette étude  (10). Sur ces entrefaites, Raphaël fut rappelé à Pérouse, où d’abord il acheva à San-Francesco le tableau de Madonna Atalanta Baglioni, dont il avait fait le carton à Florence, comme nous l’avons déjà dit. Cette divine peinture, qui a encore la fraîcheur d’un ouvrage qui vient d’être fini, représente une Déposition du Christ au tombeau. Sans doute Raphaël s’est pénétré de la sainte douleur de cette famille, et de la piété des derniers devoirs rendus à ce fils glorieux. La Vierge est évanouie. Les sentiments de chacun des personnages sont admirablement exprimés ; la douleur de saint Jean remuerait le cœur le plus dur. Ce tableau est une merveille de l’art qui étonne et qui frappe. On ne saurait assez louer l’expression, le caractère et la grâce des figures, la beauté des ajustements, et enfin l’extrême perfection réunie dans toutes les parties de cette composition. Raphaël retourna ensuite à Florence, où les Dei, citoyens de cette ville, lui commandèrent, pour leur chapelle de l’église de Santo Spirito, un tableau d’autel qu’il commença et dont il avança beaucoup l’ébauche. Il fit en même temps un autre tableau